En relisant, donc, Marguerite Yourcenar, on tombe sur ce mot qu’on avait presque oublié : brimborion. On l’avait remplacé par bricole, babiole, bidule, voire, les anglicismes étant de plus en plus répandus, gadget - quoiqu’il y ait dans le mot gadget le sens de nouveauté qui finit par devenir inutile, ce qui n’est pas le cas de brimborion. C’est un mot très joli et on pensera à l’utiliser.
Pour le plaisir de la lecture, voici le passage de Souvenirs pieux dans lequel Marguerite Yourcenar utilise le mot brimborion, évoquant divers objets provenant de sa mère, décédée à sa naissance et conservés pour elle par son père : « La cassette scellée par Michel a rempli son office, qui était de me faire rêver sur tout cela. Ces pieux déchets font pourtant envier les animaux, qui ne possèdent rien, sinon leur vie, que si souvent nous leur prenons ; ils nous font aussi envier les saddhus et les anachorètes. Nous savons que ces brimborions ont été chers à quelqu’un, utiles parfois, précieux surtout en ce qu’ils ont aidé à définir ou à rehausser l’image que cette personne se faisait d’elle-même. Mais la mort de leur possesseur les rend vains comme ces accessoires-jouets qu’on trouve dans les tombes. Rien ne prouve mieux le peu qu’est cette individualité humaine, à laquelle nous tenons tant, que la rapidité avec laquelle les quelques objets qui en sont le support et parfois le symbole sont à leur tour périmés, détériorés ou perdus. »
marguerite yourcenar - Page 8
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Retrouver le mot brimborion.
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Lire tout son soûl.
La veille au soir, on n’a pu, comme on le souhaitait, commencer Quoi, l’éternité, de Marguerite Yourcenar. Le lendemain, après le long bain jusqu’à la bouée jaune, une fois la maison rangée, s’installer dans le fauteuil près de la fenêtre et lire jusqu’au moment de préparer le repas. Garder le livre près de soi pour s’avancer d’une ligne ou deux, par ci par là, tout en touillant la salade, en posant les assiettes et les couverts sur la table et en jetant un œil sur la tarte courgettes/mozzarella/graines de courge. Dès le café bu, dès la pièce est toute débarrassée des signes du déjeuner, s’installer à nouveau dans le fauteuil près de la fenêtre. Les volets bleus entr’ouverts et le store jaune baissé laissent passer ce qu’il faut de lumière. Lire. On fait une pause en fin d’après-midi, le temps d’arroser les plantes et de plier le linge. On reprend la lecture. On s’arrête quand il faut dîner mais on fait simple et vite. Quand la voie est libre, on reprend là où en était. La nuit est avancée quand on termine le livre qu’on a hérissé de post-it roses. Il faudra donc y revenir demain.